Hermann Panzo : « Je n’étais pas motivé » (1978)

Portrait d'Hermann Panzo

Championnat de France 1978 (24 juillet 1978)
PANZO : « Je n’étais pas motivé »

« Un petit centième ça suffit pour un 100 mètres ». C’est Hermann Panzo qui parle ainsi. Il vient de remporter son premier titre de champion de France seniors. Il le savoure, tout tranquillement, comme si une telle victoire lui paraissait naturelle : « j’attendais plutôt Lucien (Sainte-Rose ) que Pierrick. Cette fois-ci, j’ai dû tout donner. Aux 90 m, il était encore devant. Il faut dire que je n’étais pas prêt pour cette finale. Je n’étais absolument pas échauffé. Après la série, je me suis mis dans un coin. J’ai mal évalué le temps. Tout d’un coup, j’ai entendu l’appel des concurrents ».
Pas chaud mais pas tellement motivé, non plus : « J’ai cru que je partais faire une série. Sûrement pas la finale, avec un titre ç la clé. J’ai beaucoup de mal d’ailleurs pour me motiver plusieurs fois dans la saison. Cette année, le but, c’est la finale des championnats d’Europe. Il faudra aller vite, très vite pour y entrer. Descendre sous les 10″30 très probablement. Mais je ne peux vraiment pas viser plus haut cette année. Le podium me semble très loin. Mon ambition, c’est de me rapprocher des 10″20. Mais je ne me crois pas capable de faire mieux. Et il y aura bien trois Européens qui réussiront cette performance à Prague ».
Comme on l’a laissé entendre, Hermann Panzo n’ira pas avec les juniors au Canada : « Les voyages, je n’aime pas trop. J’y perdrais beaucoup. Si je veux réussir quelque chose aux championnats d’Europe, il vaut mieux que je m’entraîne. Je vais aller pendant quinze jours à Font-Romeu. Je serai d’ailleurs le seul sprinter là-bas. Je n’ai jamais fait de stage en altitude. On verra bien ce que cela donne. Ensuite, deux meetings (Bruxelles et Nice, très certainement) et ce sera Prague… »
Rendez-vous dans cinq semaines.

HERMANN PANZO : Le meilleur après Bambuck ? (1978)

Hermann Panzo - les grands saléens - Rivière-Salée

HERMANN PANZO
Le meilleur après Bambuck ?

Hermann Panzo est venu à l’athlétisme un peu par hasard. Il préférait le football, mais dès l’âge de quinze ans, il réalisa 9″3 sur 80 mètres, sur de la cendrée.
Il fut en progrès constants, jusqu’à une année qui allait marquer son apogée : 1977. Alors âgé de 19 ans, il devait être champion d’Europe junior, à Donetsk, en 10″40, record d’Europe de la catégorie à l’époque.
Cet exploit, agrémenté d’une meilleure performance mondiale avec le 4x100m (39″69), devait marquer le début d’une brillante carrière.
On peut effectivement se demander si Panzo est le meilleur sprinter français de l’histoire après (avec ou…devant !) Roger Bambuck.
Il reste néanmoins probable que la dernière cité possède un palmarès plus conséquent qu’Hermann. Cela est en réalité dû au fait que la carrière de Bambuck fut beaucoup plus longue que celle de Panzo, qui fut souvent perturbé par des blessures.
Mais on peut se poser la question : qu’aurait fait Panzo, s’il n’avait pas été stoppé début 82 ?
En effet, 1982 devait être pour lui la grande année ; celle des championnats d’Europe, à Athènes. Il devait gagner. Il y allait pour, comme toujours. Un peut donc dire qu’Hermann Panzo valait potentiellement 10″10 et moins, en 02. Ainsi, les médias auraient hurlé : «  Hermann Panzo est le plus grand sprinter Français de l’histoire ! Il est le GRAND de sa génération ! »…Hermann Panzo superstar. Aujourd’hui, Panzo star potentielle.
Mais sachez-le : Panzo n’entre jamais sur une piste pour être second ; sachez-le : Panzo est un grand.

Jocelyn H.

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