La blessure. Panzo : quatre mois de repos (1982)

Après de longs mois d’espoir, de déception, d’hésitations, de remise en question, Hermann Panzo s’est enfin décidé à passer sur la table d’opération.
Le meilleur sprinter tricolore de ces dernières années sera, en effet, opéré de sa cuisse, aujourd’hui à l’hôpital de la Pitié.
Pourtant, la saison de l’Antillais avait très bien commencé par un bon 10″35 à San Jose aux Etats-Unis, début mai. Jamais de son propre aveu il n’avait préparé la saison européenne avec un tel enthousiasme, avec un tel sérieux, son but c’était tout bonnement le titre européen à Athènes et, sa victoire au « Sprint d’Or » l’an dernier à Berlin n’était pas étrangère aux nouvelles ambitions d’Hermann.
Ce jour-là, en effet, en 10″14 (vent fav) il avait laissé derrière lui des athlètes de réputation mondiale, en particulier le champion olympique de la distance Allan Wells.
Tout s’annonçait bien, puis vint le meeting de Fresno le 9 mai. Là encore, face à un vent de 1,50m, Panzo l’emportait en 10″59, mais il avait ressenti une petite douleur à la base de la cuisse droite. C’était le début de quatre mois d’incertitude. Au début, cette blessure fut prise comme un banal accident de parcours mais, au fil des semaines, l’inquiétude s’est faite plus précise. Son entrée fut d’abord prévue aux championnats de France, puis différée.
A la place, le dimanche matin. Michel Lourie, l’entraîneur national du sprint et Pierre Ribette son kinésithérapeute lui firent faire un test. Panzo s’échauffa longuement puis, après quelques lignes droites en un 80m en 10″2, avoua ressentir une légère douleur. Le jeudi et le vendredi précédents, le docteur Krzentowski avait effectué des ponctions de sang dans sa cuisse blessée.
Après une nouvelle échotomographie le lundi pour vérifier l’état des fibres musculaires, il fut décidé de faire le test définitif le mardi après-midi à l’INSEP. Après une heure d’échauffement, l’instant capital, celui qui déciderait de son déplacement à Athènes avait sonné.
Panzo se mit au bout de la ligne droite et s’élança mais, au bout de trente mètres, il se relevait. C’était fini pour la Grèce. Il fallait reporter tous ses espoirs pour 1983. Vint le temps des vacances, les premières vraies vacances depuis 1976. C’était il y a un mois et demi…
Depuis, pas d’amélioration « Bien sûr, il est possible à l’Antillais de faire des footings, précise le professeur Saillant qui va l’opérer aujourd’hui, mais dès qu’il appuie un peu sur sa cuisse blessé ou qu’il accélère il ressent une douleur. Malgré plusieurs ponctions, la poche sanguine se reforme à nouveau. Il était certes possible avec un très long repos, que l’hématome se résorbe de lui-même mais c’était tout de même risqué. Tout pouvais aller jusqu’à 75% de l’allure, mais au-dessus on risquait que cela craque de nouveau. L’année des premiers championnats du monde d’Helsinki et à la veille des Jeux Olympiques c’était tenter le diable. Car deux ans sans courir, c’était la fin de sa carrière. Nous allons donc consolider les fibres déchirées et nettoyer leur environnement. C’est une opération bénigne pour le commun des mortels mais qui, pour un athlète de haut niveau, est très préoccupante. En tout état de cause Hermann Panzo devra observer trois à quatre mois de repos. » Il reste à l’Antillais de s’armer de patience et à espérer.

Alain LUNZENFICHTER

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