Une visite chez les agriculteurs de la commune (1988)

Le vendredi 29 avril 1988, nous sommes allés chez deux agriculteurs de la commune, nous étions accompagnés par deux professeurs : Madame SIBERAN et Monsieur DUCALCON.

Classe : 5 à 19 élèves assurés

Professeurs responsables : Madame SIBERAN et Monsieur DUCALCON.

Elèves enquêteurs :

Visite chez un agriculteur en Martinique en 1989
Les jeunes enquêteurs
  • BONHEUR Annie
  • JORDANE Yannick
  • HADRICOT Muriel
  • COQ Hubert
  • RANLIN Muriel
  • LAGUERRE Medge
  • RAVIN Nanedja
  • PRESENT Pegguy
  • GABORY Joan
  • PREVOTEAU David
  • CABASSET Sandra
  • PRESENT Alain Philippe
  • VALIAME Jean
  • MOMPELAT Claude
  • PRUDHOMME Philippe
  • CRIART Rodolphe
  • CHONVILLE Marie-Christine
  • CHARLES CHARLERY Stella
  • LUGSOR Sandrine

 

Nous nous sommes d’abord rendus chez Monsieur Guy RANLIN qui nous a reçus avec beaucoup de gentillesse et a répondu à toutes nos questions.

Visite chez un agriculteur en Martinique
Chez M Ranlin – Rivière-Salée

M. RANLIN est un agriculteur relativement jeune (une quarantaine d’années) qui se consacre à cette activité depuis plus de 20 ans. Il a pris la succession de son père alors qu’il avait 21 ans. Son exploitation d’une superficie de 75 hectares se trouve au quartier Thoraille. La principale culture est celle de la canne, mais pendant l’entre-récolte, des surfaces sont plantées en maraicher : concombre, laitue, tomate. La production est livrée à une coopérative : la SOCOPMA.

M. RANLIN emploie de manière permanente une quinzaine d’ouvriers dont certains assurent l’entretien du matériel. Le personnel comprend également un secrétaire et un mécanicien. Quand arrive la récolte, il fait appel à des travailleurs sainte-luciens. L’ouvrier agricole martiniquais répugnant de plus en plus à couper la canne, se tournant de préférence vers le bâtiment ou autres petits emplois du tertiaire. Les travailleurs sainte-luciens sont logés sur l’exploitation  et payés à la tâche : ils reçoivent les mêmes salaires et bénéficient de la même protection sociale que les autochtones. Ils doivent obligatoirement rentrer chez eux une fois la récolte terminée.

Visite chez un agriculteur en Martinique en 1989
Les jeunes enquêteurs

M. RANLIN nous montre les engins nécessaires à la mise en valeur de l’exploitation :

  • – pelle mécanique
  • – tracteurs
  • – chariots
  • -canneloader

La coupe de la canne se fait de manière traditionnelle car l’achat d’une machine à couper la canne nécessiterait un investissement trop lourd d’autant que lorsque celle-ci tombe en panne, elle reste immobilisée au moins deux ou trois mois, temps souvent nécessaire à la réception des pièces de rechange. M. RANLIN énumère les différentes opérations nécessaires à la culture de la canne. Il évoque aussi les problèmes qui y sont liés : un avenir plutôt sombre quant à la production du sucre.

Visite chez un agriculteur en Martinique
Chez M Ranlin – Rivière-Salée

Le chemin d’accès a souffert des fortes pluies du dernier hivernage et chaque cahot du car sur cette voie raboteuse est salué par un concert de cris  et de rires. Nous apprécierons fort cette échappée qui nous fait découvrir un univers tellement différent de celui du collège.

  • C’est ici, nous annonce Peggy, notre camarade de classe qui est aussi la fille de l’agricultrice.

Nous descendons du car mais nous avons beau écarquiller les yeux, nous ne découvrons pas d’exploitation, seulement des broussailles. Peggy nous regarde amusée. L’exploitation n’est pas près de la route, il faut traverser cette friche. Ce n’est pas chose facile car le terrain présente maints creux et bosses. C’est l’occasion pour nous de nous rappeler ce qu’est le relief. Nous devons même traverser à gué une petite rivière.

Enfin, nous déboucherons sur une bananeraie ; nous apercevons madame PRESENT. Elle nous accueille par un large sourire, se présente et répond à nos questions.

Madame PRESENT Ghislaine est une jeune femme de 33 ans qui a embrassé le métier d’agricultrice, il y a 3 ans. Elle travaillait en métropole (mais un beau jour elle eut la nostalgie de son île, aussi prit-elle la décision de revenir au pays. Mais une fois sur place, elle se vit condamné au chômage. Que faire ? Elle n’était pas femme à accepter avec résignation une telle situation. Elle décida de se reconvertir dans l’agriculture. Avec quelques économies et un prêt consenti par une banque, elle fit l’acquisition de cette exploitation de 7 ha, suivit un stage de formation de 9 mois et s’attela à la tâche.

Visite chez Mme Présent - Rivière-Salée 1989
Visite chez Mme Présent

Elle opta pour une diversification de sa production et planta 5 hectares en banane d’exploitation, 1 hectare en maraichers, ½ hectares en vivriers (ignames, choux…).

Une rivière traverse l’exploitation, c’est une chance car même pendant le carême les cultures ne souffrent pas de ce déficit en pluie : l’eau captée grâce à une pompe, permet pendant la saison sèche d’irriguer les surfaces plantées en maraîchers en banane.

Madame PRESENT ne dispose pas de gros matériel pour préparer sa terre, elle fait appel à un autre agriculteur du coin qui lui, possède un tracteur. Son mari et des parents l’aident ponctuellement lorsqu’il y a de gros travaux, et quand elle doit livrer de la banane, elle embauche des ouvriers du quartier.

Debout près de la pépinière, nous écoutons madame PRESENT qui nous énumère tous les travaux qui sont nécessaires à la culture de la plante, depuis la mise en terre de la graine jusqu’à la récolte, les soins constants à apporter, la vigilance de tout instant, les traitements à base de pesticides pour éliminer tout ce qui peut nuire aux plantes :

Maladies comme la cercospariose mosaïque, bestiole endommageant les fruits :

Charançon, nématodes, thrips, araignées rouges…

Elle nous conduit dans le hangar où se font les opérations de conditionnement des fruits ; ces opérations doivent être exécutées selon un ordre précis pour mettre sur le marché un fruit de qualité. « Tout hangar, nous dit-elle, doit être équipé de penderies mobiles, car le stockage à terre est à proscrire absolument ».

Après dépattage, les mains de banane vont dans un bac de lavage où elles sont nettoyées, puis dans un bac de rinçage où sera éliminée toute la sève s’écoulant des surfaces de coupe. Les fruits trempent ensuite 2 à 3 minutes dans une solution de produit fongicide qui les protègera contre le développement des champignons. Ils sont alors rangés sur une table où ils vont s’égoutter avant emballage. Le mode d’emballage devra préserver l’intégrité des fruits et être conforme à la réglementation.

Les cartons sont chargés dans les conteneurs soit directement sur la plantation soit après regroupement dans des centres d’empotages.

Visite chez Mme Présent - Rivière-Salée 1989
Rivière-Salée, ici tout pousse à prendre racine

Madame PRESENT insiste beaucoup sur le critère de qualité auquel doit répondre la banane martiniquaise car avec le marché unique européen elle aura à subir sans protection aucune de la concurrence des productions des pays A.C.P. Aussi, doit-elle être la meilleur possible.

Madame PRESENT nous parle avec fougue de son métier ; métier passionnant mais qui demande un très gros investissement personnel et énormément de sacrifices : être tous les jours sur l’exploitation, ne jamais avoir de vacances, se contenter de revenus assez justes car il faut rembourser les prêts consentis par les banques, subir les aléas du climat, les variations des cours de la production… Nous nous rendons compte que ce n’est pas un métier facile.

Elle nous parle de ces projets :

  • Construire une porcherie afin de pouvoir utiliser les fruits qui n’ont pas été exportés, les déchets dit-elle.
  • Pouvoir habiter sur son exploitation afin de gagner en temps et en tranquillité car elle habite Desmarinières, et , pendant son absence sa propriété est souvent visité par des gens indélicats qui la devance pour les récoltes des melons, concombres, laitue et autres.

En vraie, maman, elle a pensé que cette marche à travers la campagne aurait provoqué notre soif. Aussi , nous a-t-elle préparé des rafraichissements que nous savourons tout en l’écoutant.

Nous admirons cette femme, chef d’exploitation, qui avec énergie et un courage remarquable, surmonte bien des difficultés pour exercer ce métier si difficile.

La visite est achevée, nous avons beaucoup appris, nous remercions madame PRESENT pour son accueil et l’inlassable patience dont elle a fait preuve en répondant à nos nombreuses questions.

Sur le chemin du retour, nous devons traverser cette friche qui précède l’exploitation. Le petit cours d’eau tente les amateurs d’écrevisses.

Le débarcadère de Rivière-Salée (archive)

Le bac

Le bac était une gabarre qui assurait la traversée de la Rivière Salée d’une rive à l’autre.

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