Demi-finale de la coupe d’Europe à Villeneuve d’Asq – Le 4x 100 m : « Des regrets »

Portrait d'Hermann Panzo - les grands saléens - Rivière-Salée

« Il fallait amener le bâton au bout. »
Tel est le refrain des relayeurs français après leur deuxième place derrière le quatuor de la RDA.
Quelques regrets, quand même, pour ceux qui manquèrent pour six petits centièmes une victoire qui aurait effacé les deux défaites subies devant ce même adversaire par le plus petit écarts ( un centième) il y a deux ans dans la coupe d’Europe précédente.
« Ça me fait quand même râler, reconnaissait Hermann Panzo, le dernier relayeur, j’ai cru que j’allais avaler l’Allemand de l’Est, mais il avait pris une trop grande avance lors de la prise de relais. »
Il faut bien admettre que la transmission entre l’Antillais et Antoine Richard fut loin d’être parfaite.
« C’est ma faute, reconnaît Panzo. Je me suis élancé trop tôt, aussi ai-je dû me freiner et cette hésitation a fait qu’Antoine est arrivé trop vite. »
Les choses n’avaient d’ailleurs pas trop bien commencé pour le relais tricolore puisque Philippe le Joncour commit un faux départ.
« Ça m’a évidemment handicapé pour le départ suivant, reconnaissant le Breton. Dommage car je me suis senti parfaitement bien dans mon parcours. »
Antoine Richard, qui ne fut pas loin d’être le plus impressionnant des quatre, déplorait de n’avoir pu mettre Panzo sur la voie du succès.
« Ça n’a pas tout à fait baigné dans l’huile, disait-il. En ce qui me concerne, je pense avoir fait un bon virage. »
On retiendra quand même, au-delà des erreurs de transmission du témoin, que le relais français a encore amélioré sa meilleure performance de l’année.
« 39″09 pour notre deuxième sortie (après celle de Bourges), remarquait Bernard PetitBois, c’est tout de même encourageant. »
Le quatuor français, qui rêve de représenter le Vieux continent en Coupe du monde, devrai quand même mettre un terme aux hésitations constatées à Lille s’il veut aller au bout de son ambition, même si Hermann Panzo est catégorique quant à sa compétitivité :
« A pareille époque, le relais, qui a fini troisième à Moscou, n’était pas aussi fort. »
Michel Lourie, l’entraîneur du relais français, proposait une analyse quelque peu différente des erreurs constatées, tout en soulignant lui aussi que le quatuor national était sur une courbe encore plus prometteuse que l’an passé.
« Contrairement aux avis recueillis ici et là, je pense que la plus grosse perte de temps (peut-être 15/100) est due à un mauvais passage entre Bernard Petitbois et Antoine Richard et non pas ce dernier et Hermann Panzo. »

  • Thierry Vigneron et Jean-Claude Perrin étaient très peu diserts après le concours : les dents serrés par la déception ils refusèrent tout net de perler. Finalement on finit par savoir par la rumeur des couloirs que l’ex-recordman du monde avait été en délicatesse avec sa course d’élan ; le record de Mâcon ayant été un accident heureux.
  • Joseph Mahmoud troisième sur le steeple, mais encore sous les 8″30 : il est rassurant de constater que je casse maintenant cette barrière à tout coup. Le record de France est désormais un objectif immédiat. »
  • Hermann Panzo et Serge Guillen ont été invités au meeting de Milan mercredi soir. Le meilleur sprinteur français aura affaire à forte partie sur 100 mètres puisque la nouvelle étoile du sprint américain, Carl Lenis, sera là en compagnie de son compatriote Stanley Floyd.
  • EMMELMANN, l’Allemand de l’Est « tombeur » de Panzo sûr 100m : « quel départ il a pris ! J’ai du mal à revenir, mais ce Panzo, il est quand même très bon ! »
  • PANZO, après son 100m « J’étais complètement crispé sur la fin ; impossible de changer de rythme. Décidément, Charléty, c’était un coup de veine. Il me reste maintenant à faire beaucoup de compétitions pour retrouver le relâchement qui me fait défaut. »
  • BOURDIN, 6eme au 400m, mais nouveau record personnel (46″50) : « J’étais pourtant bien dans l’allure au 300m, mais après, tout s’est enchaîné très vite : un peu dépasser à l’emballage final, je me suis rendu compte qu’il me restait à faire l’apprentissage du 400m. »
  • PINABEL, 4eme en longueur avec une nouvelle performance au-delà de 7,60m : « Cette régularité à plus de 7,60m en compétition internationale va me donner une confiance accrue. J’ai toujours beaucoup plus de « jus », mais je manque encore de finesse technique. Il y a des choses à revoir à l’impulsion. Enfin, ce début de saison est déjà largement positif. Si aux championnats de France j’arrivais à placer un saut aux alentours de 7,80m, je serais comblé. »
  • LUTUI, 4eme au javelot, mais relativement alerte après son accident de tennis à l’œil : « Je suis content de constater que, malgré mon accident à l’œil, je me suis rapproché des 80m (78,26). J’ai un regret toutefois : celui d’avoir laissé passer le lanceur italien. Pour l’équipe, c’est dommage. Ma saison est déjà largement positive, puisque, après mon opération à l’épaule de l’an dernier, je m’étais fixé comme but de retrouver le chemin des 80m, ce qui fut fait à Saint-Etienne. Il est encore trop tôt pour penser au record de France. Qu sait, l’an prochain…

Hermann Panzo : « Je n’étais pas motivé » (1978)

Portrait d'Hermann Panzo

Championnat de France 1978 (24 juillet 1978)
PANZO : « Je n’étais pas motivé »

« Un petit centième ça suffit pour un 100 mètres ». C’est Hermann Panzo qui parle ainsi. Il vient de remporter son premier titre de champion de France seniors. Il le savoure, tout tranquillement, comme si une telle victoire lui paraissait naturelle : « j’attendais plutôt Lucien (Sainte-Rose ) que Pierrick. Cette fois-ci, j’ai dû tout donner. Aux 90 m, il était encore devant. Il faut dire que je n’étais pas prêt pour cette finale. Je n’étais absolument pas échauffé. Après la série, je me suis mis dans un coin. J’ai mal évalué le temps. Tout d’un coup, j’ai entendu l’appel des concurrents ».
Pas chaud mais pas tellement motivé, non plus : « J’ai cru que je partais faire une série. Sûrement pas la finale, avec un titre ç la clé. J’ai beaucoup de mal d’ailleurs pour me motiver plusieurs fois dans la saison. Cette année, le but, c’est la finale des championnats d’Europe. Il faudra aller vite, très vite pour y entrer. Descendre sous les 10″30 très probablement. Mais je ne peux vraiment pas viser plus haut cette année. Le podium me semble très loin. Mon ambition, c’est de me rapprocher des 10″20. Mais je ne me crois pas capable de faire mieux. Et il y aura bien trois Européens qui réussiront cette performance à Prague ».
Comme on l’a laissé entendre, Hermann Panzo n’ira pas avec les juniors au Canada : « Les voyages, je n’aime pas trop. J’y perdrais beaucoup. Si je veux réussir quelque chose aux championnats d’Europe, il vaut mieux que je m’entraîne. Je vais aller pendant quinze jours à Font-Romeu. Je serai d’ailleurs le seul sprinter là-bas. Je n’ai jamais fait de stage en altitude. On verra bien ce que cela donne. Ensuite, deux meetings (Bruxelles et Nice, très certainement) et ce sera Prague… »
Rendez-vous dans cinq semaines.

HERMANN PANZO : Le meilleur après Bambuck ? (1978)

Hermann Panzo - les grands saléens - Rivière-Salée

HERMANN PANZO
Le meilleur après Bambuck ?

Hermann Panzo est venu à l’athlétisme un peu par hasard. Il préférait le football, mais dès l’âge de quinze ans, il réalisa 9″3 sur 80 mètres, sur de la cendrée.
Il fut en progrès constants, jusqu’à une année qui allait marquer son apogée : 1977. Alors âgé de 19 ans, il devait être champion d’Europe junior, à Donetsk, en 10″40, record d’Europe de la catégorie à l’époque.
Cet exploit, agrémenté d’une meilleure performance mondiale avec le 4x100m (39″69), devait marquer le début d’une brillante carrière.
On peut effectivement se demander si Panzo est le meilleur sprinter français de l’histoire après (avec ou…devant !) Roger Bambuck.
Il reste néanmoins probable que la dernière cité possède un palmarès plus conséquent qu’Hermann. Cela est en réalité dû au fait que la carrière de Bambuck fut beaucoup plus longue que celle de Panzo, qui fut souvent perturbé par des blessures.
Mais on peut se poser la question : qu’aurait fait Panzo, s’il n’avait pas été stoppé début 82 ?
En effet, 1982 devait être pour lui la grande année ; celle des championnats d’Europe, à Athènes. Il devait gagner. Il y allait pour, comme toujours. Un peut donc dire qu’Hermann Panzo valait potentiellement 10″10 et moins, en 02. Ainsi, les médias auraient hurlé : «  Hermann Panzo est le plus grand sprinter Français de l’histoire ! Il est le GRAND de sa génération ! »…Hermann Panzo superstar. Aujourd’hui, Panzo star potentielle.
Mais sachez-le : Panzo n’entre jamais sur une piste pour être second ; sachez-le : Panzo est un grand.

Jocelyn H.

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