Du Mouvement des guides de France à la présidence de la délégation martiniquaise du Secours catholique, madame Jenny Damazie-Edmond s’est pour ainsi dire toujours engagée sur le terrain de la solidarité.C’est à son initiative qu’en 2006 une équipe du Secours catholique a pu voir le jour sur le territoire de Rivière-Salée. Elle nous a présenté l’intervention de cette équipe d’une vingtaine de personnes, principalement des femmes (l’équipe comprend 5 hommes), qui constitue le dernier ressort lorsque les situations économiques et sociales se sont trop dégradées.
Présentez-nous l’intervention du Secours catholique à Rivière-Salée :
Ce sont les services du département ou du CCAS, ou encore les proches, qui orientent les personnes vers notre permanence du jeudi matin. Elles viennent en général au départ pour une aide financière ou alimentaire. Mais c’est d’abord un accueil, une écoute de leurs difficultés qui leur est proposée.
Ensuite, il s’agit d’établir un accompagnement plus élaboré, car leurs difficultés économiques en cachent d’autres qui restent trop souvent tues : problèmes de santé, relationnels, pauvreté éducative, sont autant conséquences de la grande précarité que l’on retrouve notamment chez les femmes.
En effet, plus de 95% des personnes aidées par le Secours catholique sont des femmes.
Mères seules, femmes malades, aux retraites trop faibles, ou victimes de violences intrafamiliales, elles sont les premières victimes de notre société. Tout en lui apportant le coup de pouce maté.riel indispensable, l’équipe du Secours catholique s’efforce d’amener la per.sonne à sortir de son isolement, à développer les talents qui lui sont propres au sein d’ateliers que l’association organise dans les locaux paroissiaux.
Quel est le sens de votre engagement dans cette action ?
Mon engagement, qui est à la fois chrétien et citoyen, s’est très naturellement dirigé sur le terrain de la solidarité.
Je ne me suis pas reconnue dans cette attitude critique vis-à-vis de ce.lui qui est dans la difficulté et qui justifie trop souvent l’inaction.
C’est avec les guides que j’ai appris à servir, tout simplement, et à ne tirer aucune gloire du travail fourni, mais une satisfaction personnelle d’avoir agi de son mieux.
J’ai reçu beaucoup dans l’échange avec les personnes aidées.C’est pourquoi je sais ce que donner a d’enrichissant.
Le fait d’être une femme est bien sûr un atout pour accueillir un public majoritairement féminin et pour comprendre les situations auxquelles elles sont confrontées.
Ce qui ne veut pas dire que les hommes de notre équipe s’en sortent moins bien !
D’ailleurs les nombreux témoignages de reconnaissance écrits par des femmes que nous avons aidées en sont la meilleure preuve !
Quels sont aujourd’hui les principaux défis à relever pour l’association ?
On a vu revenir en 2009 des personnes suivies dans le passé. Cette grève a été en effet un tournant pour une situation économique qui ne cesse de se dégrader.
Puisqu’au Secours catholique nous ne pourrons pas créer des emplois, il s’agit aujourd’hui de créer des espaces de solidarité, pour per.mettre à notre public de mettre ou de remettre le pied dans l’activité.En accueillant l’autre sans le juger, il va pouvoir reprendre confiance en lui, car chacun a forcément un talent qu’il peut mettre disposition des autres.
Nous comptons sur l’idée d’« échange de savoirs » pour permettre à chacun de développer cette capacité de donner.
La transmission est également in.dispensable, et une équipe de jeunes de 14 à 18 ans est en cours de création au sein de l’équipe locale.
Un véritable local serait un outil idéal pour nous ;nous étudions toutes les solutions pour en bénéficier.
D’autre part, il est de notre mission d’acteurs de terrain de faire remonter les observations que nous faisons vers l’institution.
On a pu ainsi relever l’effet aggravant sur la précarité sociale de l’insuffisance de transports en commun ainsi que des politiques tarifaires des banques.