Participants:
- Aleksandr Aksinin
- Allan Wells
- Hermann Panzo
- Marian Woronin
- Osvaldo Lara, Petar Petrov
- Silvio Leonard
- Vladimir Muravyov
Participants:
« Il fallait amener le bâton au bout. »
Tel est le refrain des relayeurs français après leur deuxième place derrière le quatuor de la RDA.
Quelques regrets, quand même, pour ceux qui manquèrent pour six petits centièmes une victoire qui aurait effacé les deux défaites subies devant ce même adversaire par le plus petit écarts ( un centième) il y a deux ans dans la coupe d’Europe précédente.
« Ça me fait quand même râler, reconnaissait Hermann Panzo, le dernier relayeur, j’ai cru que j’allais avaler l’Allemand de l’Est, mais il avait pris une trop grande avance lors de la prise de relais. »
Il faut bien admettre que la transmission entre l’Antillais et Antoine Richard fut loin d’être parfaite.
« C’est ma faute, reconnaît Panzo. Je me suis élancé trop tôt, aussi ai-je dû me freiner et cette hésitation a fait qu’Antoine est arrivé trop vite. »
Les choses n’avaient d’ailleurs pas trop bien commencé pour le relais tricolore puisque Philippe le Joncour commit un faux départ.
« Ça m’a évidemment handicapé pour le départ suivant, reconnaissant le Breton. Dommage car je me suis senti parfaitement bien dans mon parcours. »
Antoine Richard, qui ne fut pas loin d’être le plus impressionnant des quatre, déplorait de n’avoir pu mettre Panzo sur la voie du succès.
« Ça n’a pas tout à fait baigné dans l’huile, disait-il. En ce qui me concerne, je pense avoir fait un bon virage. »
On retiendra quand même, au-delà des erreurs de transmission du témoin, que le relais français a encore amélioré sa meilleure performance de l’année.
« 39″09 pour notre deuxième sortie (après celle de Bourges), remarquait Bernard PetitBois, c’est tout de même encourageant. »
Le quatuor français, qui rêve de représenter le Vieux continent en Coupe du monde, devrai quand même mettre un terme aux hésitations constatées à Lille s’il veut aller au bout de son ambition, même si Hermann Panzo est catégorique quant à sa compétitivité :
« A pareille époque, le relais, qui a fini troisième à Moscou, n’était pas aussi fort. »
Michel Lourie, l’entraîneur du relais français, proposait une analyse quelque peu différente des erreurs constatées, tout en soulignant lui aussi que le quatuor national était sur une courbe encore plus prometteuse que l’an passé.
« Contrairement aux avis recueillis ici et là, je pense que la plus grosse perte de temps (peut-être 15/100) est due à un mauvais passage entre Bernard Petitbois et Antoine Richard et non pas ce dernier et Hermann Panzo. »
« Un petit centième ça suffit pour un 100 mètres ». C’est Hermann Panzo qui parle ainsi. Il vient de remporter son premier titre de champion de France seniors. Il le savoure, tout tranquillement, comme si une telle victoire lui paraissait naturelle : « j’attendais plutôt Lucien (Sainte-Rose ) que Pierrick. Cette fois-ci, j’ai dû tout donner. Aux 90 m, il était encore devant. Il faut dire que je n’étais pas prêt pour cette finale. Je n’étais absolument pas échauffé. Après la série, je me suis mis dans un coin. J’ai mal évalué le temps. Tout d’un coup, j’ai entendu l’appel des concurrents ».
Pas chaud mais pas tellement motivé, non plus : « J’ai cru que je partais faire une série. Sûrement pas la finale, avec un titre ç la clé. J’ai beaucoup de mal d’ailleurs pour me motiver plusieurs fois dans la saison. Cette année, le but, c’est la finale des championnats d’Europe. Il faudra aller vite, très vite pour y entrer. Descendre sous les 10″30 très probablement. Mais je ne peux vraiment pas viser plus haut cette année. Le podium me semble très loin. Mon ambition, c’est de me rapprocher des 10″20. Mais je ne me crois pas capable de faire mieux. Et il y aura bien trois Européens qui réussiront cette performance à Prague ».
Comme on l’a laissé entendre, Hermann Panzo n’ira pas avec les juniors au Canada : « Les voyages, je n’aime pas trop. J’y perdrais beaucoup. Si je veux réussir quelque chose aux championnats d’Europe, il vaut mieux que je m’entraîne. Je vais aller pendant quinze jours à Font-Romeu. Je serai d’ailleurs le seul sprinter là-bas. Je n’ai jamais fait de stage en altitude. On verra bien ce que cela donne. Ensuite, deux meetings (Bruxelles et Nice, très certainement) et ce sera Prague… »
Rendez-vous dans cinq semaines.
HERMANN PANZO
Le meilleur après Bambuck ?
Hermann Panzo est venu à l’athlétisme un peu par hasard. Il préférait le football, mais dès l’âge de quinze ans, il réalisa 9″3 sur 80 mètres, sur de la cendrée.
Il fut en progrès constants, jusqu’à une année qui allait marquer son apogée : 1977. Alors âgé de 19 ans, il devait être champion d’Europe junior, à Donetsk, en 10″40, record d’Europe de la catégorie à l’époque.
Cet exploit, agrémenté d’une meilleure performance mondiale avec le 4x100m (39″69), devait marquer le début d’une brillante carrière.
On peut effectivement se demander si Panzo est le meilleur sprinter français de l’histoire après (avec ou…devant !) Roger Bambuck.
Il reste néanmoins probable que la dernière cité possède un palmarès plus conséquent qu’Hermann. Cela est en réalité dû au fait que la carrière de Bambuck fut beaucoup plus longue que celle de Panzo, qui fut souvent perturbé par des blessures.
Mais on peut se poser la question : qu’aurait fait Panzo, s’il n’avait pas été stoppé début 82 ?
En effet, 1982 devait être pour lui la grande année ; celle des championnats d’Europe, à Athènes. Il devait gagner. Il y allait pour, comme toujours. Un peut donc dire qu’Hermann Panzo valait potentiellement 10″10 et moins, en 02. Ainsi, les médias auraient hurlé : « Hermann Panzo est le plus grand sprinter Français de l’histoire ! Il est le GRAND de sa génération ! »…Hermann Panzo superstar. Aujourd’hui, Panzo star potentielle.
Mais sachez-le : Panzo n’entre jamais sur une piste pour être second ; sachez-le : Panzo est un grand.
Jocelyn H.